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Pesticides, sols vivants et avenir agricole : que pensez-vous de la proposition de loi Duplomb ?

 

Introduction🌱

Ces derniers mois, une proposition de loi portée par le sénateur Laurent Duplomb, adoptée au Sénat début 2025, fait débat dans le monde agricole et environnemental. Son objectif affiché : « lever les contraintes qui pèsent sur les agriculteurs ». Mais derrière ce discours louable se cachent des mesures aux conséquences lourdes, notamment pour la vie des sols, les pollinisateurs, la santé humaine… et notre avenir commun.

En tant que passionnée du jardin vivant et de la fertilité naturelle, je vous propose aujourd’hui d’y regarder ensemble… et de vous poser une question simple :
➡️ Est-ce vraiment dans ce sens que nous devons aller ?

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❓ Que contient cette proposition de loi ?

Parmi les mesures prévues :

  • Le retour des néonicotinoïdes comme l’acétamipride, pourtant interdits en France depuis 2018 en raison de leurs effets néfastes sur les abeilles et les écosystèmes.
  • Un affaiblissement de l’ANSES, l’agence nationale de sécurité sanitaire, au profit d’un conseil dominé par des acteurs agricoles et industriels..
  • Un relèvement des seuils d’élevages industriels, avec moins d’étude d’impact environnemental.
  • Une simplification des procédures pour construire des mégabassines.

Sous prétexte de « simplification », c’est tout un ensemble de garde-fous écologiques et sanitaires qui pourraient être démantelés.

🔬 Les néonicotinoïdes : des molécules persistantes.

Les insecticides systémiques, dont les néonicotinoïdes sont les représentants les plus connus, ont une particularité : ils pénètrent dans la plante et sont transportés par la sève dans tous ses organes (racines, feuilles, fleurs, pollen, nectar). La plante devient ainsi toxique pour les insectes qui s’en nourrissent… y compris ceux qui ne sont pas ciblés.

🚫 Une menace pour les insectes… y compris les pollinisateurs

Les insectes visés sont souvent les ravageurs de culture. Mais ces molécules ne font aucune distinction : elles affectent également les insectes utiles, comme :

  • Les abeilles domestiques et sauvages, touchées dès qu’elles butinent des fleurs contaminées.
  • Les papillons, syrphes, carabes, coccinelles, alliés naturels du jardinier.
  • Les parasitoïdes, qui régulent naturellement les populations d’insectes nuisibles.

Les doses présentes dans le nectar ou le pollen ne sont pas toujours létales immédiatement, mais elles provoquent des effets dits sub-létaux:

  • perte d’orientation,
  • affaiblissement du système immunitaire,
  • baisse de reproduction,
  • troubles du comportement…

➡️ Résultat : un effondrement silencieux de la biodiversité. C’est ce qu’on appelle l’ »hiver silencieux », lorsque les campagnes se vident d’insectes, d’oiseaux, de vie…

🌍 Des molécules persistantes… dans le sol, l’eau, l’air

Seulement 5 % du pesticide est absorbé par la plante. Le reste (95 % !) se diffuse dans l’environnement :

  • Il contamine le sol, réduisant la diversité microbienne et la santé des vers de terre.
  • Il s’infiltre dans les eaux souterraines, où on le retrouve jusqu’à plusieurs kilomètres de distance.
  • Il s’accumule dans les cours d’eau, impactant les insectes aquatiques, les poissons, les amphibiens.

➡️ Une étude européenne de 2017 a détecté des néonicotinoïdes dans 75 % des échantillons de miel, preuve de leur omniprésence dans les écosystèmes.

🧬 Et pour les humains ?

Les effets des néonicotinoïdes sur l’humain ne sont pas encore bien connus, mais plusieurs études tendent à montrer :

  • une toxicité pour le développement du cerveau chez les enfants exposés in utero,
  • des liens avec certaines maladies neurodégénératives,
  • et bien sûr, une pollution chronique de notre alimentation, puisque ces résidus se retrouvent dans les fruits, légumes, céréales…

🌱 Et les sols dans tout ça ?

La proposition ne parle pas explicitement des sols. Mais elle les concerne directement.
Pourquoi ? Parce que les pesticides, les intrants chimiques et l’intensification agricole affectent la biodiversité souterraine. Or, comme le rappelle Marc-André Selosse, biologiste spécialiste des sols :

« Un sol vivant est un sol fertile. Il est le fruit de milliers d’interactions entre champignons, bactéries, insectes, racines… Sans cette vie, le sol devient un simple substrat mort. »

🧬 Un sol vivant est un écosystème complexe

Un sol en bonne santé héberge des milliards de micro-organismes par gramme, mais aussi des champignons, des arthropodes, des nématodes, des collemboles… Cette biodiversité régule les maladies, décompose la matière organique, retient l’eau, stocke le carbone et nourrit les plantes sans intrants.

Or, les pratiques agricoles intensives – pesticides, engrais de synthèse, travail du sol excessif – détruisent progressivement cette richesse biologique. Le sol devient alors un substrat inerte, dépendant des apports extérieurs… et de plus en plus vulnérable à l’érosion, à la sécheresse, à la perte de rendement.

« On tue la vie du sol au nom du rendement, mais c’est une dette qu’on laisse aux générations futures. »
Marc-André Selosse

Détruire la vie des sols, c’est miner la fertilité de demain.

📣 Et vous, qu’en pensez-vous ?

Je vous propose de prendre un moment pour réfléchir ensemble :
👉 Connaissiez-vous ce projet de loi ?
👉 Pensez-vous que notre modèle agricole doit continuer à s’appuyer sur des produits chimiques de synthèse, malgré les impacts connus sur l’environnement et la santé ?
👉 Que faudrait-il faire pour protéger les sols tout en soutenant les agriculteurs ?

💬 Vous pouvez répondre en commentaire ou en message privé. Je lirai toutes vos réponses avec attention.

🧭 Pour aller plus loin

  • Marc-André Selosse, Jamais seul. Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations. (Actes Sud)
  • Inrae & Anses : rapports sur l’impact des néonicotinoïdes sur les vers de terre, les micro-organismes du sol, la fertilité à long terme.
  • Reporterre, Greenpeace, FNAB : analyses critiques de la loi Duplomb.

💡 Ce que je défends

À travers mon travail (formations, visites, accompagnements), je milite pour un changement de regard sur le sol : non plus un simple support, mais un organisme vivant, fragile, précieux.
Et je suis convaincue qu’il est possible de jardiner, produire, nourrir… sans détruire ce qui nous nourrit en retour.

Si ce sujet vous parle, si vous voulez comprendre comment fonctionne un sol, ou si vous souhaitez vous libérer des produits chimiques, je vous invite à découvrir ce que je propose sur jardiner-vivant.fr.

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